Tu as peut-être déjà vu ou souhaité regarder un film porno. Tu as peut-être aimé certaines images, et tu en as trouvé d’autres choquantes. C’est normal.

Il n’y a pas de mal à trouver ça excitant. Quels que soient les fantasmes que tu as puisés dans les films porno, ils sont légitimes.

Avant de les mettre en pratique, n’oublie pas d’en parler avec ta·ton partenaire : le consentement, souvent absent de ces films, est essentiel dans la "vraie vie". Vous êtes ensuite libres de tester ensemble ce dont vous avez tous·tes les deux envie.

Le porno vu par Teenspirit :

Il se peut que certaines de ces images t’aient dérangé·e ou perturbé·e. Tu peux en parler avec un·e adulte de confiance. Ce n’est pas une honte ni un tabou, et c’est important de ne pas rester seul·e avec les questions que tu te poses.

Les idées fausses du porno

Les films pornographiques sont des fictions, les personnes à l’écran sont des acteur·ice·s. C’est rarement, voire jamais, comme cela qu’une relation sexuelle se passe dans la « vraie vie ».

Même les films qu’on appelle « amateurs » sont fabriqués et fictifs. Ils ne reflètent pas la manière dont se déroule une relation sexuelle.

Les fantasmes que ces films peuvent inspirer vont souvent de pair avec de nombreux complexes. Ceux-ci sont basés sur des idées fausses sur la sexualité que véhiculent le porno.

Ces idées peuvent te complexer, te frustrer, t’amener à avoir des comportements sexuels irrespectueux. En avoir conscience permet de se libérer de ces modèles et de trouver ce qui te plaît vraiment, de manière saine et épanouie.

Cette liste présente les idées fausses du porno. Elle n’est pas exhaustive :

  • Un pénis en érection mesure entre 10 cm et 16 cm en moyenne. C’est loin des membres immenses qu’on voit dans les porno !
  • Une érection n’arrive pas forcément d’un claquement de doigt, cela peut prendre du temps et c’est normal.
  • Une érection ne dure pas des heures, mais entre 7 min et 20 min.
  • Dans la « vraie vie », un rapport sexuel complet dure en général 6 min en moyenne.
  • Une éjaculation moyenne représente 3 ml à 8 ml de sperme, et non des litres comme le montre le porno.
  • L’éjaculation ne marque pas la fin du rapport sexuel. On peut encore faire plein de choses, pour le plaisir des deux partenaires !
  • Il n’est pas nécessaire de changer de position tous les trente secondes ni de toutes les essayer. La plupart des gens ont une ou deux positions fétiches, et pratiquent deux à trois positions par acte sexuel.
  • Tu n’es pas prude si tu ne souhaites pas tout essayer. Chaque pratique mérite d’être discutée avec ta·ton partenaire avant de la lui proposer, pour obtenir son consentement et partager vos envies et vos éventuelles appréhensions.
  • Les vulves (et les pénis, d’ailleurs) ne sont pas intégralement épilées. C’est même plutôt déconseillé : les poils poussent ici pour une raison, ils protègent de l’humidité et des irritations.
  • La pénétration n’est pas un passage obligé d’un acte sexuel et souvent, ce n’est pas cela qui mènera à l’orgasme.
  • Des pratiques telles que le sexe oral ou la pénétration sont sur-représentées dans les pornos. Il y a plein d’autres caresses à réaliser !
  • Tu n’es pas frigide si tu n’hurles pas de plaisir, si tu ne jouis pas très rapidement ou plusieurs fois. Les pornos montrent une seule expression de l’orgasme, mais chacun·e a la sienne, et elles sont toutes valables !
  • Les personnes ne sont pas "meilleures" pour une pratique sexuelle ou une autre selon leur origine ethnique. On ne peut pas réduire une personne à cela. Chacun·e est libre d’aimer et d’accepter ce qu’il·elle veut.

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S’il y a des choses que tu as vues dans des films pornographiques qui te posent question, tu peux en parler avec un·e adulte de confiance, par exemple à ta·ton médecin ou dans un centre de santé sexuelle.

Tu peux aussi parler de tout ça avec ta·ton partenaire : le plus important, c’est que vous aimiez votre sexualité, que vous soyez à l’aise avec elle, et pas de correspondre à une norme.

Les représentations genrées dans le porno

Parmi les stéréotypes véhiculés par le porno, les corps et les rôles sont très genrés : les hommes sont très virils, performants, les femmes soumises et disponibles.

Ces représentations sont dangereuses parce qu’elles enferment les femmes dans un rôle d’objet. Elles banalisent le viol et font croire qu'une fille est toujours consentante ou disponible.

Ces idées fausses amènent aussi de nombreux complexes, parce que le porno montre des corps très stéréotypés, qui n’existent peu, voire pas dans la "vraie vie" : maigres, avec des gros seins, des vulves et des jambes intégralement épilées, …

Les corps masculins sont également irréalistes : leur sexe sont démesurément grands, leur érection dure très longtemps. Cela donne l’idée que les hommes doivent être très viriles, voire violents, et complexent de nombreuses personnes qui ne se reconnaissent pas dans ces modèles.

Rappelle-toi : tous les corps existent, les films porno nous en montrent ceux qui sont modifiés, stéréotypés et pas toujours en bonne santé.

Quelles que soient les pratiques sexuelles, le consentement est toujours de mise. Personne ne doit une relation sexuelle à quelqu’un·e d’autre, même en couple. Il ne faut jamais forcer quelqu’un·e ou partir du principe qu’elle en a envie sans le lui demander.

L’industrie du porno

Les films pornographiques sont produits par une industrie qui brasse énormément d’argent. Contrairement à ce que l’on croit parfois, ce ne sont pas les acteur·ice·s qui profitent de cet argent, mais les boîtes de production et de diffusion.

Les conditions de travail y sont souvent indignes, voire dangereuses. Par exemple, de nombreuses scènes ne respectent pas les règles du sexe à moindres risques.

Depuis quelques années, le porno féministe est de plus en plus visible. Il propose une autre manière de montrer des relations sexuelles, qui respecte les personnes qui travaillent et qui ne dégrade pas leur image à l’écran.

Ces productions montrent des corps plus divers, des scènes plus réalistes, des relations plus respectueuses. Elles ne se privent pas de montrer des pratiques comme le BDSM, mais de manière réaliste.

Sur Internet, les sites paient pour être référencés et apparaître tout en haut de la liste quand tu fais une recherche.

De la même manière, pour attirer plus de client·es sur leur site, l'industrie pornographique peut mettre en avant des pratiques violentes ou aux titres provocateurs à la limite de la légalité.

De plus, les sites permettent à des personnes de publier des contenus amateurs sans garantir que le consentement de la personne filmée soit respecté.

Que dit la loi ?

La loi suisse définit la pornographie comme des images qui ont pour but de générer de l’excitation sexuelle et dont l’acte sexuel n’est pas dans un contexte humain, émotionnel. Cela permet de différencier pornographie et scène érotique dans un film, par exemple.

La loi interdit de plus la pornographie qui implique des enfants, des animaux ou des actes de violence.

Elle interdit à quiconque de rendre accessible des images porno à des enfants de moins de 16 ans (majorité sexuelle).

Sur internet, la plupart des sites demandent aux personnes qui les consultent d’avoir plus de 18 ans. Ces sites sont hébergés dans d’autres pays et respectent les lois locales.


Article proposé par PROFA et relu par Action Innocence et Declick

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