La foi et l’identité LGBTIQ+ sont deux éléments importants pour beaucoup de personnes. Mais concilier ces deux dimensions peut être délicat, et donner l’impression de jongler entre deux mondes différents, suivant les contextes religieux.

Dans certains groupes religieux, des discours sur l’identité de genre, l’orientation sexuelle et affective peuvent être formulés de manière définitive. Comme tout texte, les textes sacrés ont été écrits dans un contexte très différent du nôtre (époque et lieu) et certains interprètent ces textes dans une certaine optique de rejet ou de condamnation des réalités de vie des personnes LGBTIQ+.

Les défis

En tant que personne LGBTIQ+ qui souhaite pratiquer sa foi, construire son chemin spirituel peut parfois créer des défis. Si c’est ton cas, il se peut que tu te sentes rejeté·e par une communauté religieuse, pas compris·e, ou seul·e.

Ce genre de situation peut conduire certaines personnes LGBTIQ+ à cacher leur identité ou à rejeter sa spiritualité. Cela crée un dilemme entre être pleinement soi-même et rester fidèle à sa religion.

Il existe des communautés inclusives qui offrent des espaces sûrs où les personnes LGBTIQ+ peuvent pratiquer leur foi en étant elles-mêmes. En effet, les attitudes envers la communauté LGBTIQ+ varient d’une tradition religieuse à l’autre, et même au sein d’une même tradition, en fonction des courants, des communautés.

Quelques points à garder en tête :
  • Chacun·e a le droit de vivre sa foi librement, quelle que soit son identité de genre ou son orientation sexuelle.

  • Peu importe ce qu’on t’a dit, tu mérites d’être aimé·e et accepté·e tel·le que tu es.

  • Aucune personne (même si elle est reconnue comme une autorité religieuse par le groupe) n’a le droit de te faire penser ou sentir que tu n’es pas aimé·e exactement comme tu es par le divin, ou que tu dois changer pour mériter l’amour de Dieu ou le salut.

  • Ta foi ou ta spiritualité est personnelle. Tu as le droit de définir ta foi (quelle est ta relation avec le divin, l’univers…) selon ton expérience.

  • Si tu ne te sens pas soutenu·e dans ton groupe religieux, tu as le droit de chercher des endroits plus accueillants qui reconnaissent à quel point tu es précieux-se pour le groupe.

  • Tu es pleinement légitime d’affirmer ton vécu et quitter le groupe si tu ressens une pression, par exemple, si on te demande ou recommande d’être abstinent·e, de changer ton apparence, tes idées ou tes ami·e·s, etc. La pression peut se manifester de manière plus ou moins subtile. Tes ressentis corporels, tes émotions et tes idées sont une bonne piste pour évaluer si ton expérience dans ce groupe te convient ou non.

Les groupes alliés LGBTIQ+ et spiritualité :

Tu n’es pas seul·e ! Il existe de nombreuses communautés religieuses accueillantes et des associations LGBTIQ+ qui sont là pour être à tes côtés dans ta quête de sens :

VAUD : Dans le cadre de l’Église réformée vaudoise, le groupe « À bras ouverts » réuni des jeunes de 15 à 45 ans pour des activités et des groupes de parole :

GENÈVE-VAUD : Dans le cadre de l’Église catholique romaine, une fois par an est organisée la « Walk of Faith », avec messe, marche animée et apéritif.

GENÈVE-VAUD : l’Église catholique romaine propose également diverses activités et contacts ici.

GENÈVE : L’Antenne LGBTI organise de nombreuses activités et podcast en dialogue avec les communautés chrétiennes.

NEUCHÂTEL : L’association chrétienne Arc-en-ciel propose un groupe de parole et d’autres activités

Suisse : Le CCI (Carrefour de Chrétiens Inclusifs) regroupe des chrétien·ne·s. de toutes confessions souhaitant promouvoir une Église inclusive, c’est-à-dire pratiquant l’accueil inconditionnel de tou·te·s, quelle que soit leur identité de genre et leur orientation sexuelle.

Et les thérapies de conversion ?

Les "thérapies de conversion" sont des pratiques qui prétendent "guérir" ou "changer" l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, en vue de correspondre aux normes du milieu religieux dans lequel a lieu la "thérapie".

Elles peuvent être présentées sous différents noms qui dissimulent que ces "accompagnements" (individuels ou collectifs) sont bien un type de "thérapie de conversion". Par exemple, les termes employés peuvent être "prière de délivrance", "prière de guérison", "thérapie réintégrative", etc.

Ces "accompagnements" ont en commun l’idée que toute autre orientation affective et sexuelle non-hétérosexuelle est considérée par la communauté religieuse comme un péché ou une "opposition au plan de Dieu".

Ces "thérapies" sont encore promues dans certaines communautés religieuses traditionalistes : souvent, elles sont présentées comme une voie de salut et y participer est valorisé par le groupe comme "la solution" aux questionnements d’une personne.

Elles peuvent avoir des conséquences très graves pour la santé mentale de la personne qui la subit : perte d’estime de soi, déni de ses émotions et des besoins, isolement, distanciation dans sa relation avec Dieu et idéations suicidaires.

Ces "thérapies" sont condamnées par plusieurs organisations internationales et par de nombreuses églises en Suisse et à l’étranger. Elles sont d’ailleurs interdites dans les cantons de Neuchâtel et Valais, et d’autres cantons sont en voie de les faire interdire.

Si tu as vécu une ou plusieurs séances qui te semblent être un type de "thérapie de conversion", tu peux, par exemple, prendre contact avec des associations religieuses pour parler de ton parcours et continuer à trouver ton chemin dans une spiritualité qui t’épanouit.

Pour conclure

La question de l’accueil plein et entier des personnes s’identifiant LGBTIQ+ est un défi pour de nombreuses communautés religieuses qui sont amenées à réfléchir et à découvrir ces manières "différentes" d’être dans le monde, d’aimer, et d’être en dialogue avec le divin.

Chaque personne peut explorer sa propre voie pour concilier sa foi, son identité et son appartenance religieuse ou spirituelle. Pour certain·e·s, cela signifie trouver une communauté religieuse inclusive qui est un lieu d’accueil et de sécurité, pour d’autres, cela peut se vivre en petit groupe ou de manière individuelle. La spiritualité est une démarche d’épanouissement par laquelle chacun·e trouve une place dans le monde, face aux autres et dans son rapport au divin (quelle que soit la forme qu’on imagine).


Article proposé par La Coraasp et relu par l'Association J’y crois, moi non plus

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