Question d'identité et d'appartenance
Dernière modification le 1 novembre 2024
On définit généralement l'identité comme l'ensemble des caractères visibles ou cachés qui font d'une personne ce qu'elle est, qui font d'elle un être unique. Le nom, par exemple, sa prononciation, son orthographe sont des éléments qui touchent à l'identité de chaque personne.
Qui est-il ? Qui est-elle ? Est-ce que je lui ressemble ? Est-ce qu'elle me ressemble ? Est-ce que je suis comme cela parce que je suis Suisse ou juste parce que je suis moi ? Comment faire partie d'un groupe ? Ce sont des questions que nous nous posons souvent. Essayer d'y répondre, c'est se poser la question de l'identité, des identités.
On voit bien que l'identité de chacun·e se construit aussi en relation avec l'autre : ce que je suis dépend aussi de comment je réagis aux personnes qui m'entourent, que je rencontre. Ces personnes peuvent nous ressembler ou on peut avoir envie de leur ressembler. Ou alors au contraire, on peut se sentir très différent·e ou avoir envie de s'en démarquer.
L'identité, c'est donc un équilibre entre, d'une part, ce qui te rend semblable à d'autres et, d'autre part, ce qui te rend unique. Et personne ne peut exister sans l'autre, celui-ci étant forcément différent. Si tout le monde se ressemblait, nous n'aurions plus d'identité, nous ne pourrions plus exister.
Tes sentiments, tes sensations, tes émotions, tes pensées, tes réflexions te donnent sans cesse des informations sur le monde, sur l'environnement, mais aussi sur toi-même. C'est ce savoir sur soi-même qui donne le sentiment d'une identité personnelle, et qui permet de découvrir qui l'on est.
L'identité n'est pas figée
L'identité se construit tout au long de la vie en fonction des expériences, de l'évolution ou des changements de l'environnement dans lequel on vit.
Comme dans tout chantier, il y a des moments où l'on a besoin d'autres matériaux. On a besoin de rencontrer d'autres personnes ou de modifier nos manières de voir pour construire notre identité.
À certaines périodes de la vie, on peut même « douter » de son identité. C'est particulièrement vrai à l'adolescence quand les envies changent, les besoins changent, les relations avec les proches changent. On ne se « reconnaît » plus soi-même, on ne se sent plus celui ou celle que l'on était auparavant. On se sent confus·e et c'est normal.
Si tu veux en savoir plus :
L'identité n'est donc pas figée, elle se construit sans cesse. Chaque personne peut changer d'attitudes, réviser ses valeurs et sa façon de penser. Remettre en question son passé, le critiquer, s'en libérer. Ainsi, on peut vraiment affirmer que « nous sommes ce que nous sommes en ce moment, mais que nous ne serons pas forcément toujours ce que nous avons été ».
Identité et culture
Le concept de culture au sens large intègre :
- Des objets matériels (utilitaires ou esthétiques)
- Des techniques ou des pratiques (nourriture, langues, musique, organisation sociale, religion...)
- Des représentations mentales (manières de penser (religion), de sentir, de voir, de communiquer, valeurs)
- La façon d'assembler entre eux tous ces éléments.
La culture est un des facteurs qui détermine l'identité et l'altérité : ce que je suis, ce que je ne suis pas et ce qu'est l'autre. La culture contribue ainsi à la découverte de l'identité, mais elle donne également une manière de voir le monde, de penser l'autre, celui qui est différent·e.
La culture, c'est donc ce qui permet à l'individu de se situer par rapport au monde, à la société, mais aussi par rapport à ses origines et à l'héritage commun du groupe ou des groupes dont il est issu et qui est transmis aux générations suivantes.
La culture est ce qui permet aux êtres humains de comprendre le monde ; c'est ce qui contribue à ce qu'ils comprennent mieux leur situation et leur permet d'essayer de la modifier s'ils le souhaitent.
L'appartenance culturelle est de plus en plus multiple et composée : mon père vient d'un pays, ma mère d'un autre ; ils ne parlent pas la même langue et nous habitons dans un troisième pays, dont la langue et les coutumes sont encore différentes.
Ainsi la culture fait l'objet d'échanges permanents. Lorsque les individus se rencontrent, déménagent, émigrent, échangent leurs productions, les cultures voyagent aussi ; elles évoluent avec le temps et au contact les unes des autres. Les cultures, celles qui contribuent à l'identité des êtres humains, ne sont pas figées, arrêtées une fois pour toutes.
Quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit aussi qu'il y a bien sûr des différences importantes entre les cultures, mais aussi un fond commun partagé, que ce soit par contact, (en raison de la mondialisation) ou en raison d'une sorte d'universalité de certains besoins fondamentaux communs à tous les êtres humains.
Identité et nationalité
L'article 15 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme indique que « tout individu a le droit à une nationalité » et que « nul·le ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité ». La nationalité est aussi une dimension importante de l'identité individuelle et collective.
C'est l'État qui donne une identification (carte d'identité ou un passeport), des droits et donc une protection à ses citoyen·ne·s. C'est aussi l'État qui va déterminer la place de l'étranger·ère et ses droits. Par exemple, la Suisse n'offre pas les mêmes droits aux Suisses et Suissesses qu'aux citoyen·ne·s européen·ne·s et qu'à ceux ou celles des autres continents : le droit de vote et d'éligibilité varie, le droit d'accéder au marché du travail, d'acheter une maison, selon qu'on est citoyen·ne suisse, ressortissant·e de l'Union européenne ou un étranger·ère d'un pays extra européen.
La nationalité peut être attribuée principalement de deux manières :
- Le droit du sol est la règle de droit qui donne la nationalité à toute personne qui est née sur un territoire national, indépendamment de la nationalité de ses parents.
- Le droit du sang accorde la nationalité aux enfants nés de parents possédant eux-mêmes la nationalité concernée.
Ces deux droits peuvent se combiner. Par exemple, la nationalité française peut être obtenue par l'un ou l'autre de ces droits.
Selon les pays, la nationalité peut être aussi obtenue après la naissance par une procédure de naturalisation, comme c'est le cas en Suisse.
La rencontre avec l'autre
Au moment de la rencontre avec l'autre, cette rencontre se fait avec son identité personnelle, mais aussi avec son identité sociale et culturelle. Tout le monde appartient en effet à une réalité bien concrète, située dans un lieu, une histoire, avec une culture, une organisation sociale, une économie, un climat, etc.
La rencontre avec l'autre peut donc provoquer un choc identitaire plus ou moins fort. Parfois l’autre n’est pas du tout comme on se l’est imaginé et cela peut être déstabilisant. Mais les êtres humains ont besoin des autres pour exister.
La rencontre, c'est aussi ce qui permet de mieux comprendre les éléments qui constituent ton identité et celle de l'autre. Le regard que je porte sur l'autre et le regard qu'il ou elle porte sur moi peuvent être déstabilisants : est-ce que je vois bien l'autre pour ce qu'il ou elle est ? Est-ce qu'il ou elle me voit pour ce que je suis ?
Ces regards croisés sont comme des miroirs dans lesquels on se reconnaît plus ou moins bien, mais qui peuvent aussi révéler des aspects de nous dont nous n'avions pas conscience. Dans la rencontre, l'identité peut varier selon qu'elle est présentée par soi-même, attribuée par l'entourage ou par quelqu'un·e qui nous connaît à peine. D'ailleurs, nous ne sommes pas toujours d'accord avec ce que les autres disent de nous ! Et les avis sur une même personne peuvent aussi diverger.
Appartenance multiple
L'identité est quelque chose d'assez complexe, avec des facettes multiples.
Par exemple, je suis femme, je parle espagnol, j'aime la techno, je suis calme, je suis protestante et je vis à Genève. J'appartiens donc à la fois au groupe des femmes, au groupe des personnes qui parlent espagnol, au groupe des personnes qui aiment la techno, au groupe de ceux qui ne sont pas agressifs, au groupe des protestants et finalement, j'ai des caractéristiques des Genevois.
L'identité se construit et se transforme grâce aux expériences, aux personnes rencontrées, aux pays dans lesquels on vit, aux groupes auxquels nous appartenons, aux langues que nous parlons. Chaque personne est faite de morceaux d'identité des autres, ce qui signifie que tout le monde a de multiples appartenances. Ce qui parfois provoque aussi des conflits en nous, mais représente une richesse.
Être conscient·e de ses appartenances, savoir reconnaître, accepter celles des autres et chercher les appartenances communes, contribue à mieux connaître et comprendre les personnes qui sont différentes de toi. Cela aide à ne plus avoir peur des autres et à les respecter dans leurs appartenances - qui, elles aussi, sont multiples. C'est pourquoi chacun·e doit reconnaître que son identité est aussi faite de celles des autres, et, qu'elle est multiple.
Groupes et bandes
Appartenir à un groupe, à une bande, est parfois important et l'on décide alors d'adopter ses normes, ses valeurs, ses codes. Tout groupe cherche à maintenir sa cohésion interne en proposant des valeurs communes. Certains groupes tendent à imposer leurs valeurs à leurs adhérent·e·s (ceux qui font partie du groupe) en les incitant à laisser de côté leurs valeurs personnelles.
Ces groupes peuvent également inciter leurs adhérent·e·s à nier les valeurs et les identités multiples des individus extérieurs au groupe. Le groupe a plus de facilité à imposer des valeurs et à influencer une personne si elle ne sait pas très bien qui elle est, si elle a des doutes sur son identité.
C'est pourquoi il faut toujours être attentif·ve et se poser la question : est-ce que le groupe auquel tu souhaites appartenir te laisse la possibilité de définir toi-même ton identité personnelle et accepte tes multiples appartenances.
On peut aussi choisir d'être différent·e. On cherche alors à se distinguer de la norme ou du groupe. Être différent·e, permet de prendre conscience de son identité.
Dans tous les cas, il s'agit de trouver le bon équilibre. On peut passer dans l'excès en ne s'identifiant plus à personne, mais aussi en s'identifiant trop à un groupe. Dans les deux cas, on court le grand risque de perdre une partie de son identité propre.
L'État et la nation
Les États, à travers un système d'institutions politiques et administratives, exercent l'autorité souveraine sur l'ensemble d'une population et d'un territoire déterminés.
On parle aussi d'État Nation, qui est un concept complexe. Pour simplifier, on peut dire qu'un État Nation représente la juxtaposition d'un État (une organisation politique) à une nation, c'est-à-dire des individus qui se considèrent comme liés et appartenant à un même groupe.
La réalité politique est souvent plus complexe : dans les faits, les États Nations ne rassemblent souvent pas un seul groupe homogène sur le plan ethnique. On voit aussi que même ceux qui se représentent sous cette forme (comme la France) peuvent aussi connaître des groupes qui demandent à bénéficier d'un statut à part (les Corses, les Bretons, etc.). Autre exemple : on voit bien en Suisse que le sentiment d'appartenance nationale, peut reposer sur d'autres valeurs que l'identité ethno-nationale.
La notion d'État Nation, pose donc aussi très clairement la question des minorités : ethniques, linguistiques, religieuses, etc. et de la façon dont leurs droits sont pris en considération au sein de l'État Nation. De nombreux conflits internes trouvent leur origine dans l'existence de minorités sur un territoire étatique donné (un pays) et de la manière dont elles sont traitées.
Certaines minorités au sein d'un État Nation peuvent avoir des revendications d'autonomie parce que ce statut de minorité ne leur convient pas et qu'elles se considèrent elles-mêmes comme formant une nation différente. On voit aussi des situations bien réelles où des individus sont de fait privés de toute protection parce que leur État les considère collectivement comme des ennemis de l'intérieur.
Il faut finalement relever que l'application du concept d'État Nation, qui est né en Europe, correspond bien au processus de développement politico-institutionnel de cette région du monde, mais qu'il est plus difficile à appliquer en Afrique, où le pouvoir et les instituions qui lui sont liées a connu une histoire très différente.
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