Racismes: définition, histoire et théorie
Dernière modification le 23 mai 2023
Le racisme est un schéma de pensées (conscient ou inconscient), une manière spécifique de concevoir le monde et les êtres humains les uns par rapport aux autres, et qui se traduit par des actes, des paroles, des attitudes ou des comportements.
Le racisme au sens strict du terme désigne une idéologie, qui se fonde sur des différences biologiques, réelles ou supposées, ou encore sur la base de leur appartenance ethnique, nationale ou religieuse.
Un acte est raciste s'il remplit les trois critères suivants :
- Catégoriser en groupe et généraliser le jugement à l'ensemble du groupe.
- Hiérarchiser : attribuer à ces groupes des caractéristiques spécifiques, évaluées positivement pour les auteur.e.s de propos ou d'actes racistes et négativement à l'encontre des victimes.
- Discriminer : utiliser cette hiérarchie pour traiter de manière inégale les personnes appartenant au groupe défini.
La combinaison de ces trois critères permet aux auteur.e.s de justifier le fait de rabaisser, maltraiter et violenter, ou même d'exterminer lors de génocides n'importe quelle personne appartenant à un des groupes jugés inférieurs.
Ainsi, le racisme se situe au niveau d'une idéologie qui affirme, directement ou indirectement, qu'un groupe est, de façon inhérente, supérieur à un autre. Le racisme a une portée plus large que la discrimination raciale.
Le racisme classe les personnes sur la base de caractéristiques biologiques, génétiques, présumées ou réelles, en races. Ce mécanisme est lié au mythe d'une race supérieure et pure, qui doit être protégée contre les influences et/ou le brassage avec d'autres 'races' qui seraient inférieures.
Le racisme viole le droit fondamental d'égalité des êtres humains et doit être combattu, car tout être humain a droit au respect quelles que soient son apparence physique, sa religion, sa culture ou son ethnie.
Le racisme est condamnable pénalement en Suisse. Le peuple ayant accepté par votation en 1994 la norme antiraciste (art. 261 bis Code pénal). Un acte raciste peut être puni d'une peine allant de l'amende à l'emprisonnement.
Comment s'exprime le racisme ?
Le racisme peut s'exprimer ouvertement par le biais :
- De blagues racistes
- D'insultes
- D'incitation à la haine
- De propagation d'idéologies racistes
- D'actes violents motivés par la haine, etc.
On peut aussi le retrouver plus profondément ancré dans des attitudes, des valeurs et des croyances stéréotypées.
Le racisme peut être présent à tous les niveaux de la société - chez les individus, au sein d'un groupe, voire d'une société entière, et dans tous les domaines de la vie sociale - dans la rue, dans le quartier, dans les transports publics, à l'école, dans la famille, etc.
Le racisme, parce qu'il exprime une relation de pouvoir et de domination d'une personne sur une autre, d'un groupe sur un autre, est une forme de violence qui peut prendre différents visages :
- Violence verbale
- Violence physique
- Harcèlement moral, sexuel...
- Profanation de biens symboliques (exemple: drapeaux, cimetière).
- Comportements d'évitement ou d'isolation de la personne.
- Traitement inégal ou refus de prestations auxquelles la personne a droit.
Il peut arriver que la personne auteur d'un acte raciste n'ait pas conscience de la portée de son comportement et il est toujours important de réagir lorsque l'on en est témoin ou victime.
Histoire du racisme
Le racisme existe depuis la nuit des temps. Il a justifié la ségrégation et l'esclavage à plusieurs époques et sur tous les continents.
Pour ne donner que quelques exemples:
- Les grecs anciens se considéraient comme les seuls êtres humains libres. Et réduisaient à l'esclavage les populations étrangères.
- Au 16ème siècle, lors de la conquête du nouveau monde, les Espagnols comparaient les autochtones à des animaux car ils ne portaient pas d'habits.
- Aux Etats-Unis a eu lieu la traite des Noirs et la ségrégation raciale. L'abolition de l'esclavage se fait en 1865. Mais dès 1875, il y a une naissance des lois imposant la séparation selon les races dans certains états américains: - interdiction des mariages mixtes - entrée dans les lieux publics.
- De 1939 à 1945, les juif·ve·s sont persécutés par Hitler.
- Jusqu'en 1993, en Afrique du Sud pendant l'Apartheid, les hommes et les femmes noires ont été isolés dans les ghettos, interdits entre autres d'accéder à certaines parties du pays et à certains emplois.
Aujourd'hui, même dans les civilisations occidentales, le racisme persiste même s'il se situe à différents niveaux. Il peut être à un niveau national comme en ancienne république fédérale de Yougoslavie. Il peut aussi être vécu au quotidien en France, en Suisse, etc.
Derrière le terme de « racisme », on peut voir qu'ils s'en cachent en fait d'autres. Lorsqu'on évoque celui de "races", s'agissant de l'humanité, on entend aussi souvent, comme un bruit parasite: racisme, esclavagisme, colonialisme, ségrégation, génocide, etc. Autant de comportements humains abusifs qui trouvent leurs justifications dans la classification scientifique des races humaines.
La théorie des races
Les découvertes scientifiques dans le domaine de la biologie et de la physiologie ont permis de démontrer clairement que ces théories étaient fausses. Mais voyons comment elles sont apparues et comment elles ont été utilisées.
Si le phénomène du racisme existe depuis longtemps, le mot "race" en lui-même n'a été utilisé qu'assez récemment. Il vient du latin « ratio » qui signifie entre autres "ordre chronologique". Le mot "race" apparaît lui dans le courant du 16ème siècle, au moment où, découvrant de nouvelles terres, les Européens entrent en contact avec de nouveaux peuples aux caractéristiques physiologiques différentes.
C'est à partir de ce moment que se développent les théories des races. Elles sont nées du désir des scientifiques européens de comprendre la diversité humaine. Pour cela, ils créent des catégories de races humaines (Blanc·che·s, Noir·e·s, Jaunes, Rouges), à partir de caractéristiques physiologiques, notamment la couleur de la peau. Certain·e·s philosophes et savant·e·s ont tenté de prouver ces théories par des mesures crâniennes ou des tests d'intelligence, pour essayer de leur donner une valeur scientifique.
Le concept de race qui découle de ces théories sera utilisé dès le 18ème siècle par certain·e·s scientifiques pour justifier scientifiquement la supériorité européenne, donc des Blanc·che·s. Ce sont ces théories des races humaines qui ont servi à justifier certains comportements humains abusifs, jusqu'au 20ème siècle, comme le colonialisme, l'esclavage et les crimes commis par les nazis ou le régime de l'Apartheid.
Pourtant dans les années 1950, des découvertes biologiques et génétiques, dont l'ADN, ont montrés l'inexactitude de ces théories des races. Elles ont par conséquent été abandonnées, puisqu'elles ne correspondaient à aucune réalité scientifique:
Deux événements historiques sont à relever pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé:
- À la fin de la 2ème Guerre mondiale, l'Europe découvre l'horreur de l'Holocauste et prend conscience de la gravité de l'idéologie raciste.
- En 1953, la molécule d'ADN qui contient le patrimoine génétique de tout être humain est découverte.
On constate alors qu'il existe autant de variations, par exemple, entre deux Vaudois·e d'un même village qu'entre un·e Blanc·che et un·e Noir·e. Cette découverte a contribué à annuler d'un point de vue scientifique (génétique) les théories racistes qui affirment la supériorité d'une race sur une autre.
Par la suite nombre d'études biologiques et génétiques de l'espèce humaine, ont permis de bâtir un consensus (un accord commun) scientifique fort au sein de l'Union Européenne et aux États-Unis: il n'existe qu'une seule race, à savoir la race humaine, avec des variétés de caractéristiques physiques héréditaires. C'est ce qui a amené la communauté scientifique à réfuter (refuser) de manière indiscutable les théories des races.
Et pourtant, même si la communauté scientifique a démontré que la race n'est pas une réalité biologique, le racisme est quant à lui toujours présent.
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