Quand on n’a pas beaucoup d’estime de soi, on a tendance à croire qu’on est nul·le, que les autres filles et garçons sont plus intelligent·e·s ou plus drôles. De là, il n’y a qu’un pas pour penser qu’on ne mérite pas autant d’attention, d’amour et de respect que les autres. Il devient alors plus difficile de dire non à des choses avec lesquelles on n’est pas d’accord et plus facile de supporter l’insupportable.

En réalité, les violences sont un peu comme un cercle vicieux :
  • moins on a confiance en soi, plus on aura de difficultés à se défendre contre les violences

  • et plus on vit des violences, plus l’estime de soi a des risques de diminuer

Certaines recherches (Gillioz Lucienne, Jacqueline De Puy et Véronique Ducret (1997) : Domination et violence envers les femmes dans le couple. Lausanne : Payot) ont montré que les filles qui ont vécu des violences dans l’enfance sont plus souvent confrontées à des violences plus tard dans leur vie. Cela ne signifie pas que ce sont elles qui attirent ces violences, mais plutôt que, en diminuant l’estime de soi, les violences subies dans le passé fragilisent face aux violences actuelles.

Les violences ne sont pas une fatalité et on peut interrompre ce cycle à tout moment.

Agir avec violence

Avoir une estime de soi faible, peut conduire à imaginer que son copain ou sa copine va facilement trouver quelqu’un·e de plus beau·belle, intelligent·e, drôle que soi.

La peur de le·la perdre peut faire qu’on mette tout en œuvre pour diminuer les risques qu’il·elle rencontre quelqu’un d’autre, en voulant constamment contrôler et limiter ses mouvements, voire en étant violent·e. Une façon de dire qu’on ne supporte pas de ne pas être aimé·e.

Avoir une estime de soi très élevée peut aussi conduire à des comportements de violence. Lorsqu'on a l’impression que les autres nous manquent de respect ou ne nous portent pas l’attention que l’on mérite, les violences peuvent, dans ce cas, être utilisées comme une manière de rappeler à l’autre qu’on est fort·e et qu’on ne se laisse pas faire. Une façon de dire qu’on ne supporte pas de ne pas être aimé·e.

Les violences ne sont jamais la bonne solution pour exprimer ses émotions.

Jusqu'où aller par amour ?

« Mon copain ou ma copine trouve que je suis très belle·beau. Il·elle m’a demandé de publier une photo de moi en sous-vêtements sur Internet. Je l’aime et j’ai accepté pour qu’il·elle soit fier·ère de moi »

Quand on est très amoureux·euse, l’autre devient le centre de sa vie. On a l’impression qu’on ne pourrait plus vivre sans lui·elle. On se dit qu’on pourrait tout sacrifier pour cet amour ou qu’on ne pourrait plus vivre sans cet amour.

Mais l’amour ça ne veut pas dire renoncer à être soi-même pour faire plaisir à l’autre, ni attendre de l’autre qu’il·elle soit toujours disponible et réponde à toutes mes envies.

Partager des idées et des passions, voilà ce qui alimente l’amour ! Quelqu’un qui t’aime ne te forcera pas à faire quelque chose que tu ne veux pas, et ne te demandera pas de changer pour lui faire plaisir. Au contraire, il·elle t’encouragera à te respecter. De même, si tu aimes vraiment, tu n’as pas le droit de demander à l’autre de répondre à tous tes désirs sans respecter les siens.

Si tu es mal à l’aise par rapport à certaines demandes de ton·ta copain·ine, tu peux te poser des questions comme :

  • Est-ce que, au fond de moi, j’ai vraiment envie de faire ce qu’il·elle me demande ?
  • Qu’est-ce qui est important pour moi : lui faire absolument plaisir ou respecter mes choix et mes envies ?
  • Est-ce qu’il·elle m’aimera encore plus si j’accepte ?
  • Et moi, est-ce que je m’aimerai encore si je ne suis plus moi-même ?

Estime de soi et jalousie

« Il·elle me dit qu’il·elle m’aime énormément et qu’il·elle a peur de me perdre. C’est pour ça qu’il·elle ne veut pas que je parle avec d’autres garçons·filles. »

« Je ne veux pas qu’il·elle rencontre d’autres garçons·filles. J’ai peur qu’il·elle me quitte. »

Ces demandes semblent des détails et on accepte de changer pour lui faire plaisir, mais peu à peu, les changements peuvent être si nombreux qu’on finit par ne plus être vraiment soi-même et avoir un champ d’action très rétréci.

Ou alors, on ressent parfois de l’inquiétude, parce que l’autre n’est pas assez disponible ou qu’il·elle fréquente d’autres personnes. On oublie alors de l’écouter et on tente d’imposer ses choix. On veut toujours savoir où et avec qui il·elle est. On n’aime pas qu’il·elle fréquente d'autres personnes, surtout pas du sexe opposé. Cela s’appelle la jalousie et elle est souvent l’indice d’un manque de confiance en soi. Parce qu’on a peur d’être quitté·e pour une personne plus belle, plus intelligente, plus attirante, on peut parfois devenir possessif·ive envers son·sa partenaire.

Même si on a très peur de le·la perdre, on n’a pas le droit de lui poser des interdictions, ni de le·la contrôler, car c’est déjà une forme de violence. Avoir confiance en soi, en l’autre et dans la relation permet d’éviter les crises de jalousie et les violences.

Si ton·ta partenaire a un comportement jaloux, voici quelques pistes pour réagir :

  • Tu peux le·la rassurer sur tes sentiments
  • Tu peux lui dire ou lui rappeler ce que tu apprécies chez lui·elle
  • Tu peux lui expliquer pourquoi tu n’es pas d’accord qu’il·elle décide pour toi
  • Demande-toi si cela vaut la peine de continuer une relation qui n’est pas libre et consentie
  • N’oublie pas que toute personne a le droit d’interrompre une relation à tout moment

Si tu éprouves toi-même un sentiment de jalousie vis-à-vis de l’autre :

  • Tu peux parler à ton ami·e avec sincérité de tes peurs, de tes sentiments et t’intéresser à ses émotions.

Cela vous aidera à vous sentir plus proches et à savoir comment avancer ensemble dans votre relation.

  • Tu peux aussi lui demander les raisons de son amour pour toi.

Cela te rassurera sûrement de savoir qu’il·elle n’est pas avec toi par hasard. Rappelle-toi que c’est déjà une forme de violence de vouloir contrôler l’autre.

Après avoir exprimé tes sentiments de peur, fais confiance, et regarde comment cela se passera, puis rediscutez ensemble.

Est-ce moi qui exagère ?

« Entre nous deux ça ne va pas… Mais peut-être qu’il·elle a raison, j’exagère tout »

Dans un couple, les violences arrivent rarement de manière brutale. Elles s’installent peu à peu. Elles peuvent commencer par des petites remarques sur la manière de s’habiller, des commentaires négatifs sur les ami·e·s, la famille, les loisirs, etc. Rien ne semble jamais assez bien.

Parfois, lorsqu’on fait remarquer à son·sa partenaire que sa manière d’agir nous dérange, on s’entend dire que ce n’est pas très grave, qu’il ne faut pas le prendre mal, qu’on est trop sensible, que les autres filles·garçons ne sont pas aussi pénibles.

Et puis, tout d’un coup, les critiques s’arrêtent et sont remplacées par des compliments et des déclarations d’amour.

Avec toutes ses contradictions, on ne sait plus à quoi s’en tenir !

Dans cette situation, le risque est grand de perdre ses repères, de ne plus faire confiance à ses propres sensations et émotions. Si on n’a plus de repères pour détecter les situations à risque, il devient alors plus difficile de les éviter.

Que faire ?

  • Fais confiance à tes sensations. Ce n’est pas à ton copain ou ta copine de décider ce qui est acceptable pour toi ou ne l’est pas.
  • Tu peux réagir dès que tu sens que quelque chose te dérange dans votre relation, sans attendre. Ce n’est jamais trop tôt, ni trop tard !
  • Parles-en à tes proches. Dire tout haut ce que l’on ressent et ne pas rester seul·e aide souvent à y voir plus clair.

Est-ce que je mérite ces violences ?

« Je tombe toujours amoureux·euse de garçons·filles violent·e·s. Je dois bien le mériter. »

En matière des violences, il y a deux points fondamentaux :
  • Premièrement, personne ne mérite d’être confronté·e aux violences.

  • Deuxièmement, la seule personne responsable est la personne auteur des violences. Quelles que soient les raisons invoquées, rien ne justifie les mots ou les gestes violents.

Pourtant, il arrive parfois qu’une même personne soit plusieurs fois la cible des violences au cours de sa vie. Ce n’est pas la personne qui est en cause, mais la violence elle-même.

En effet, lorsqu’on a été confronté·e aux violences, on a tendance à s’habituer à ce contexte, à le tolérer plus facilement et à ne pas en reconnaître les premiers signes. Les réactions seront donc moins rapides lorsque ces violences se présentent à nouveau.

Si tu veux en savoir plus:

Le cycle de la violence conjugale

Les violences ont également de graves conséquences pour la personne qui la subit, et notamment celle de diminuer l’estime de soi.

En perdant confiance en elle, en s’isolant, en se mettant plus facilement dans des situations à risque, la cible a de plus grandes probabilités de vivre à nouveau des situations de violence. C’est le début d’un cycle qui peut devenir le quotidien.

Si tu es ou as été confronté·e aux violences, n’hésite pas à chercher de l’aide auprès de personnes de confiance ou de professionnel·le·s. Il n’est jamais trop tôt ou trop tard. En parler te permettra de trouver de l’aide afin de rompre ce cycle.

Si tu veux en savoir plus:

Je suis violent·e avec mon copain·ma copine

Violence dans une relation amoureuse

La violence conjugale

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