Question (Garçon / 2006)

Bonjour,

Encore une fois je suis pas sûr d’avoir classer mon sujet dans la bonne catégorie. Hier je me suis fait de petites entailles sur le haut des cuisses pour la première fois. Toutes les autres fois où je voulais le faire, je me décourageais. Mais cette fois je l’ai fait. Je sais pas trop ce qu’il y avait de différent pour que j’arrive à mes fins hier et pas les autres mais je n’ai pas reculé. Je n’ai juste pas réfléchi et j’ai fais glisser le rasoir sur ma peau. Je cherchais pas à me suicider, juste à me faire mal. Sur le moment c’était vraiment plaisant et j’ai toujours aimer le sang alors quand le mien s’est mis à couler j’ai trouvé ça fantastique. Je ne pensais plus à rien je regardais juste ça.

J’en avais marre de ma mère et de tout ces commentaires sur ma vie. J’en avais marre de l’entendre me dire à longueur de journée comment je devais m’habiller, comment je devais me tenir, comment je devais me comporter, comment je devais me coiffer, qui je devais aimer. J’en avais marre de l’entendre dire que « les jupes c’est bien pour ton âge et en plus ça va attirer plein de garçons et t’auras des petits copains, il faut aussi que tu mettes des robes et tu mettras ces ballerines aussi… » et même si les vêtements peuvent paraître être quelque chose d’anodin, j’en ai marre.

Elle est toujours à vouloir me transformer, à faire de moi « une vraie fille », je ne peux jamais être moi-même et c’est vraiment fatiguant. Quelque chose de si simple que la coiffure, même là-dessus elle ne me laisse aucune liberté. Je veux me couper les cheveux mais elle refuse instantanément. Je crois que elle a peur que mes habits soi-disant trop masculin plus la coupe de cheveux ne fasse trop gay pour elle. Elle ne sait pas que je suis pansexuel mais elle doit vouloir « me préserver » de tout ça.

J’ai l’impression qu’elle veut que je devienne comme elle, qu’elle veut que je m’inspire de ça vie pour faire la mienne et pourtant elle a raté sa vie. Elle a trois enfants avec trois hommes différents, elle pointe au chômage, notre maison peut être retirée d’un moment à l’autre, toutes ses relations avec un autres être humains finissent mal mais bien sûr ce sont les autres qui ont un problème, ce sont les autres qui lui veulent du mal, elle n’a pas arrêté de frapper ma sœur pendant presque 8 ans mais bien évidemment elle n’a jamais rien fait qui puisse justifier tout ce qu’elle « subit », c’est elle qui a abandonné son accession dans un de ses travails plutôt prometteur mais il faut quand même prendre exemple sur elle, elle est forte, elle n’abandonne pas, on a de la chance de l’avoir comme mère, il faut faire comme elle parce qu’elle est exceptionnelle.

Hier elle m’a encore dit un tas de truc comme ça et j’en avais plus qu’assez. J’ai franchi la barrière que je n’ai jamais oser traverser. La tristesse et la colère m’ont donné le courage de le faire et je ne le regrette pas. Je me suis sentie soulagée mais pas assez alors j’ai parlé à un ami de ce que je venais de faire et pourquoi. Ça me fait mal de l’admettre mais faut dire que parler ça soulage. Je n’ai jamais aimé parler de moi et de ce que je ressentais (surtout aux gens que je connais, l’anonymat c’est bien) et à chaque fois que je le faisais je le regrettais. Mais bizarrement pas cette fois. Cette fois je me sentais mieux et ça me plaisait de lui parler.

En lui parlant j’ai aussi réaliser que quand je l’ai fait je n’étais pas seulement en colère contre ma mère mais aussi contre moi. Je me détestais parce que une petite partie de moi croyais un petit peu ma mère. J’ai beau la haïr, elle reste ma mère et on croit aveuglément ce que nous dit notre mère. Alors quand elle dit que l’homosexualité est une abomination, une infime partie de moi se demande si elle n’a pas raison. Et au final, après avoir fait du mal à une abomination qui le méritait, je me détestais encore plus pour avoir cru ma mère et m’être fait du mal a cause d’elle. Elle a toujours eu tort. Elle dit que si ils le voulaient, les homosexuels pourraient devenir hétérosexuels, que si ils priaient, ils pourraient se faire pardonner et redevenir « normal ». Si elle savait. Quand j’ai commencé à douter de ma sexualité j’ai dû prier pendant au moins 4 mois et pourtant me voilà à douter de mon genre maintenant. Je me sens bien maintenant mais ça me plairait bien de recommencer.

Réponse

Nous entendons le trop plein et les difficultés que tu traverses en ce moment. Effectivement, les scarifications sont souvent le signe d’un mal-être et parfois le moyen d’exprimer les mots qui nous manquent. Cela peut apporter une sorte de soulagement temporaire mais nous aimerions rebondir sur l’expérience de la parole que tu as faite et qui s’est révélée bénéfique.

Nous t’encourageons à continuer sur cette voie, parler de tes questionnements, émotions à un·e professionnel·le de la santé qui sera là pour t’aider à mieux te connaître et te permettre de continuer plus sereinement. Nous t’avions proposé l’association Vogay, cela reste une ressource qui nous paraît intéressante pour toi.

L’équipe Ciao reste à ton écoute,

Dernière modification le 25 juin 2021

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