Addict·e à la scarification
14 septembre 2021
Question (2003)
J’ai 18 ans et je me mutile depuis mes 15 ans. Je n’arrive pas à arrêter d’y penser, tout le temps. Quand je me coupe, je me sens tellement bien, je ressens une plénitude tellement immense. C’est comme si j’étais en dehors de mon corps, comme si je me droguais. C’est pour ça que je ne comprends pas pourquoi c’est si mal vu.
Je ne me coupe pas au point d’avoir des énormes cicatrices, tout est superficiel. Les gens qui se droguent de temps en temps on ne leur dit rien, on ne les prend pas pour des fous. Pour autant, quand on dit qu’on se coupe les gens sont tout de suite inquiets, ils ont l’impression qu’on va se suicider dans la minute. J’aime juste cette sensation, elle me calme et m’apaise beaucoup.
Pour ne pas faire davantage peur à ma copine, je me tâte à en parler à un prof mais j’ai peur qu’il en parle à mes parents. Sachant que je suis majeure, il est obligé de leur en parler ? Merci d’avance pour votre réponse
Réponse
Nous avons lu ton message avec attention. Tu nous dis que tu te scarifies depuis 3 ans et que cela te permet de ressentir « une plénitude ». Cette pratique « te calme et t’apaise. » Nous comprenons que tu souhaites être compris·e dans ce que tu vis et ne pas être stigmatisé·e. Cependant, la scarification est le signe d’une souffrance et si tu ressens le besoin de faire sortir de toi, ces tensions pour t’apaiser, sache qu’il existe d’autres manières d’y parvenir.
Tu exprimes « ne pas arrêter d’y penser ». Te mutiler semble te permettre de fuir certaines émotions négatives pour te sentir plus léger·e « en dehors de ton corps » c’est effectivement le rôle de certaines drogues et c’est pour cela qu’elles ont un tel pouvoir addictif.
Cependant, la drogue comme la scarification dans ton cas, ne peuvent que soulager ton mal-être temporairement et superficiellement. Nous pensons qu’il serait important que tu puisses, d’une part, parler de ton « addiction », qui semble avoir un impact sur ta relation de couple et d’autre part, parler de ce qui a besoin en toi d’être apaisé. Une angoisse ? Une tristesse ? Un sentiment de culpabilité ? Ou tout autre mal-être. As-tu dans ton entourage une personne de confiance à qui tu pourrais partager des éléments de ta vie ? Si c’est le cas de ton prof, nous t’encourageons à lui parler, la question de la confidentialité peut être discutée avec lui directement. Parler par téléphone pourrait également être une première étape, le 147 est une ligne d’écoute disponible 24h/24 et 7j/7, n’hésite pas à les appeler à tout moment.
L’équipe Ciao reste à disposition et t’encourage dans tes démarches,
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