Question (Fille / 2005)

Bonjour, je suis une ado de 17 ans. J'ai fait une phobie scolaire l'année dernière donc j'ai arrêté d'aller au lycée. Comme j'ai été prise en charge, on m'a aidé pour que je puisse réussir à retourner au lycée.
Cette année se passait bien au début. Mais maintenant ça ne va plus et ça ne s'arrange pas.

Au début c'était juste des crises d'angoisse en cours qui faisaient que je rentrais chez moi. Mais maintenant je rate carrément des cours, parfois une semaine entière.
Ma psychiatre me fait des certificats d'absence mais elle me dit qu'il y aura un moment où les certificats ne marcheront plus.
Elle dit que pour m'aider il faut que je lui explique mais je ne comprends pas moi-même. Je me sens mal. J'ai tout le temps des nausées ou l'envie de vomir. Je suis complètement perdue et je ne sais pas qui je suis.
Je comprends rien.
Je me suis mise à me mutiler mais j'ai peur de ce que pourraient penser ma famille en voyant les cicatrices. J'ai honte de ressentir ce que je ressens donc je sais que jamais je ne dirai ce que je vous dis à ma psy. J'ai mal au coeur et je pense vraiment au suicide. J'ai perdu toute motivation.
Et je n'arrête pas de penser à ce que les gens pourraient penser.
J'ai trop honte de me dire que vous devez être en train de penser que je me plains alors que d'autres gens se font maltraiter ou torturer, que peut-être que je mens et que je veux juste de l'attention. Je suis complètement perdue et personne ne me donne de réponse puisqu'il n'y a que moi qui peux les trouver. Je perds du poids et ma famille pense que je fais un régime.
Je suis complètement perdue ne serait-ce que dans ma sexualité où je ne comprends rien. Je ne veux pas retourner en cours
Si vous pouviez m'aider ce serait super, merci

Réponse

En lisant ta question nous n'avons ni pensées jugantes, ni négatives te concernant. Nous savons que le mal-être et les angoisses peuvent exister sans maltraitance et sans torture. Tu te sens mal, tu ne sais plus qui tu es, tu angoisses +++.
Ce que tu vis est important, cela nous inquiète, nous prenons ta situation au sérieux.

Tu es suivie par une psychiatre et cela nous rassure beaucoup. D'après ce que tu écris, tu ne te sens pas encore suffisamment en confiance avec elle pour lui dire ce que tu confies ici. Comme pour toutes relations, la relation thérapeutique peut prendre du temps, il n'est pas évident d'être suffisamment en confiance pour parler librement.

Bien entendu tu ne peux pas lui dire ce que tu ne sais pas toi-même. En revanche nous t'encourageons vivement à essayer de lui dire ce que tu écris ici.
Tu peux éventuellement commencer par dire que certaines choses te sont difficiles à dire. Avoir du mal à exprimer tes ressentis et tes pensées ne signifie pas que tu lui caches des éléments importants.
En revanche il peut être important de réfléchir avec elle pourquoi cela t'est difficile.
Il est possible que cette difficulté soit liée à ce que tu exprimes ici concernant le regard des autres.
Tu écris à plusieurs reprises que tu as peur de ce que les autres pourraient penser de ton mal-être. En travaillant cet élément en thérapie, cela t'aidera certainement à te centrer sur toi et moins sur ce que les autres pourraient penser de toi.
Dis-toi que cet espace thérapeutique est un espace dans lequel tu peux expérimenter en toute sécurité l'expression de tes ressentis, besoins et limites.

Comme tu le sais l'adolescence comporte de nombreux changements: physiques, psychologiques et relationnels. Ces bouleversements ne sont ni simples à vivre, ni simples à intégrer. Il peut donc être compliqué de savoir qui tu es aujourd'hui.

A travers tes mots, nous voyons une jeune femme sensible (dans le bon sens du terme), qui se questionne sur sa vie et sur celle d'autrui, une jeune femme empathique, une jeune femme qui prend en compte les ressentis et pensées de son entourage. Malgré tes angoisses tu t'accroches et tu cherches des solutions pour poursuivre ta scolarité. Tu es donc persévérante. Tu es aussi dotée d'une précieuse compétence, celle de savoir demander de l'aide quand tu en as besoin.

Tu écris aussi être complètement perdue concernant ta sexualité. La sexualité fait aussi partie des changements importants vécus à l'adolescence. Il est donc naturel d'être un peu déboussolée. Tu vas progressivement de te découvrir, sentir ce que tu attends et souhaites dans tes relations intimes. Progressivement tu vas découvrir et vivre les relations amoureuses et sexuelles qui sont justes pour toi.
Quand tu écris être perdue concernant ta sexualité fais-tu référence à ton orientation sexuelle? Si c'est le cas, dis-toi qu'il n'est pas nécessaire de te définir clairement dès aujourd'hui.
Tu aimeras les personnes que tu aimeras, tu auras des relations sexuelles avec les personnes qui t'attirent. Et si un jour tu souhaites te définir comme hétéro, homo, bi, asexuelle, ou pan sexuelle alors tu le feras le moment venu.

Nous sommes particulièrement inquiets concernant tes pensées liées au suicide. Ces pensées traduisent ton désir de solution: "il faut que mon mal-être prenne fin".
Nous te rappelons que le suicide n'est pas une solution, c'est une fin. Si tu ne l'as pas encore fait, nous t'encourageons vivement à en parler rapidement à ta psy.

Et si ces pensées devenaient trop envahissantes, tu peux à tout moment appeler les numéros d'urgence: 147, 144.

De notre côté nous restons à ton écoute.

Bien à toi!


147.ch - CIAO
Dernière modification le 23 février 2022

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