Ai-je vécu une agression sexuelle ? Un gynécologue peut-il savoir s'il y a eu pénétration ?
6 novembre 2023
Question (Fille / 2010)
Cela fait 1 an et quelques mois que je pense avoir subis une agression sexuelle sans en être sûre. On m’a parler de ce site à l’école et je me suis dis que c’était la seule manière de répondre à mes questions car je n’en ai pas parlé à ma famille ni mes amis.
C’était avec le premier « grand » garçon avec qui je sortais. J’avais 12 ans et il avait 3 ans de plus que moi. À ce moment là, j’avais perdu confiance en moi et j’avais un besoin d’affection intense. Au début, ma famille ne savait pas que je fréquentais ce garçon mais après plusieurs problèmes, ma mère à découvert que je fréquentais ce garçon et m’a interdit de le revoir. Je ne l’ai pas écouté et j’ai continué de le fréquenter en cachette.
Ce garçon me posait plusieurs questions assez étranges comme « Est-ce que tu as déjà fais ta première fois ? » ou « Est-ce que t’aimerais essayer de la faire ? » ou encore « Tu sais c’est quoi les préliminaires ? ». Je pensais que ces questions étaient normales à poser venant d’un garçon plus âgé car pour moi c’était ce dont les plus grands parlaient. J’ai répondu à ses questions en disant « Mais est-ce que c’est bien de le faire à mon âge ou je vais le regretter ? » et évidemment il voulait me convaincre en disant que non et que j’allais adorer ça.
Un mois après, il voulait qu’on aille chez lui regarder un film car ses parents n’étaient pas là. Arrivé dans sa chambre, il me disait que je pouvais le toucher et plus précisément lui toucher le pénis. Je l’ai fais car je me suis dis que si je le faisais, j’aurai de l’affection en retour. Je pense que le fait que je l’ai toucher cela lui a fait des sortes de signaux comme quoi il pouvait se lancer. Il a enlevé mes habits mais je ne faisais rien contre. Il m’a d’abord pris la tête et m’a expliqué comment lui faire une fellation. Je l’ai fais sans vraiment savoir ce que j’étais entrain de faire. Je me sentais mal à l’aise mais je ne voulais rien dire. Après ça, il y a eu pénétration et j’ai eu très mal donc je lui ai ordonné de s’arrêter, ce qu’il a fait. Il a voulu finir ce qu’il voulait faire sur ma poitrine en me disant encore une fois que c’était normal. Après, il m’a prit dans ses bras en me remerciant et je me sentais heureuse de lui avoir « rendu service ».
du moins c’est ce que je croyais car les jours qui suivaient je faisais que pleurer et j’ai retrouvé du sang sur ma culotte sans que ce soit mes menstruations.
Depuis ce jour, dès que l’on me parle de sexe j’ai une envie rapide de pleurer mais je m’en veux car je me sens coupable d’avoir fais le premier pas et surtout j’ai cette angoisse d’aller chez le gynécologue avec ma mère qui n’est pas au courant et qu’il s'aperçoit que j’ai subi une pénétration. Je ne me sens pas prête d’en parler à ma famille.
Pensez-vous que ce que j’ai subis est une agression sexuelle?
Est-ce que si j’ai retrouvé du sang sur ma culotte c’est que le gynécologue peut à présent voir que j’ai subis une pénétration?
Merci de me répondre cela m’aiderait énormément et apaiserait mon angoisse.
Au revoir.
Réponse
Depuis le 1er juillet 2024, les articles 189, 190 et 197 du code pénal ont changé. Certains éléments de la réponse ci-dessous ne sont plus valables.
Bravo d’avoir eu le courage de nous écrire ce que tu as vécu avec ce garçon : tu as bien fait de ne pas rester seule avec tes questions.
Dans la situation que tu nous racontes, nous comprenons que ce garçon avec qui tu sortais avait plus de 3 ans d’écart avec toi. Si c’est bien le cas, la loi suisse interdit d’avoir un rapport sexuel avec un mineur de moins de 16 ans, s’il y a plus de 3 ans d’écart entre les partenaires (art. 187 CP). Cette loi sert à protéger les jeunes, car si la différence d’âge est trop grande, le plus jeune ne peut pas distinguer s’il a vraiment envie de participer à cet acte sexuel. Dans ta situation, ce garçon n’avait donc pas le droit d’avoir des rapports sexuels avec toi, peu importe que tu sois d’accord ou non, au vu de votre différence d’âge. Cela correspond donc bien à une infraction à caractère sexuel et ce n’est pas de ta faute !
Le fait qu’à la suite de cet événement tu pleures lorsqu’on te parle de sexualité et que tu ressentes de la culpabilité et des angoisses indiquent qu’il est important que tu ne restes pas seule avec ce vécu. Nous avons compris que tu ne te sens pas prête à en parler à ta famille, mais aurais-tu un adulte de confiance autour de toi à qui tu pourrais en parler (un·e enseignant·e, un médiateur·trice, un·e infirmier·ère scolaire, etc.) ?
Tu peux aussi contacter le centre pour l’aide aux victimes d’infractions de ton canton : nous te joignons l’adresse. Tu y seras accueillie seule ou accompagnée d’une personne de confiance (un.e ami.e ou un adulte en qui tu as confiance en dehors de ta famille, par exemple) sans jugement, de manière confidentielle et bienveillante. Un.e professionnel.le t’écoutera, t’informera de tes droits et des aides disponibles (par exemple, tu recevras des bons pour aller voir un.e psychologue gratuitement, si tu en ressens le besoin).
Tu nous confies que tu as aussi des angoisses parce que tu as retrouvé du sang dans ta culotte après ce rapport en dehors de tes menstruations et tu as peur que ta mère puisse découvrir que tu as eu un rapport sexuel. Lors d’un contrôle gynécologique, il est possible de constater l’état de ton hymen. Par contre, une jeune femme peut ne pas ou plus avoir d’hymen alors qu’elle est encore vierge, comme elle peut avoir encore un hymen malgré avoir vécu une pénétration. Du coup, il faut que tu sois rassurée du fait qu’un.e gynécologue ne peut pas attester d’une pénétration simplement en se basant sur la présence ou non de ton hymen.
Quoi qu'il en soit, non seulement tu n’es pas obligée d’aller faire un examen gynécologique maintenant, à moins que tu n’en ressentes le besoin ou que tu aies un problème lié à cette sphère, mais en plus un examen médical est quelque chose de confidentiel et tu as le droit de demander à ta maman de te laisser seule pour l’examen. Tu pourrais lui dire que tu es gênée par sa présence et lui demander de rester en salle d’attente. De plus, le.la gynécologue est lié au secret médical et n’a pas le droit de transmettre à ta mère des informations si tu ne le désires pas.
Nous espérons avoir pu répondre à tes questions et te rassurer ! Tu es sur le bon chemin et n’hésite pas à nous contacter à nouveau si besoin !
Service d'aide aux victimes, SAVI - Adresses utiles - ciao.ch
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