Je me mutile et ne sais pas comment faire autrement

Tout d’abord, nous tenons à te dire que c’est grâce à des jeunes comme toi que nous existons et que tu as bien fait de nous écrire. Même si tu n’as pas de question, nous allons te répondre et essayer de mettre en évidence la force qui ressort à chaque mot de ton message, ainsi que tes compétences.

En lisant ta question, nous retenons en premier lieu que tu soulignes avoir un « bon mental ». Malgré les difficultés que tu rencontres et le fait que tu ne parles pas (ou pas encore) de ton mal-être à tes parents, tu as conscience d'être une personne équilibrée qui a des ressources sur lesquelles elle peut s'appuyer. Bravo ! Dans ton objectif de réussir à tenir sans ou avec <i>rescue</i>, tu peux également t'appuyer sur ce bon mental et, dans les moments difficiles, te remémorer comment tu as fait jusqu'à présent pour être forte.

Nous comprenons pourquoi tu nous accordes ta confiance pour aborder ces sujets personnels. Il est en effet plus facile d'avoir ce genre de discussion avec un·e inconnu·e qu'avec un·e proche. D'un côté, parce qu’un·e inconnu·e peut offrir une perspective neutre et d’un autre côté, parce que cela nous évite de les inquiéter ou de nous sentir « un poids » qui les empêche de « profiter » d’autres choses. Il est pourtant important de se rappeler qu’on fait justement aussi partie de ces « autres choses », que la vie n’est pas juste le fait de « profiter », mais aussi de soutenir, d’être là pour celle ou celui qui a besoin d’un coup de main. En fait, ce sont surtout les moments difficiles de la vie qui permettent de tisser des liens encore plus forts, qui nous offrent ensuite la possibilité de « profiter ».

Tes parents voient peut-être déjà que tu ne vas pas bien. Peut-être qu’ils s’inquiètent, mais n’osent pas non plus t’en parler. D'après ce que tu nous écris, tu sembles avoir une bonne relation avec eux. Nous t'encourageons donc à réfléchir à la manière dont tu pourrais leur parler ou leur écrire, si c'est plus simple pour toi. Est-ce que parler à tes parents de ta crainte d'être un poids pour eux serait une possibilité ? Cela pourrait permettre de te rassurer sur certains points ou au moins d'engager une discussion avec eux.

Même si certains sujets sont difficiles à aborder avec eux, nous t'encourageons à retrouver cette confiance en tes parents que tu sembles avoir perdue et à tenter de leur parler. Ils pourront t'offrir des choses qu'aucun·e autre « inconnu·e » ne pourra, en étant à tes côtés.

Concernant l'automutilation, elle est souvent un moyen d'extérioriser un mal-être intérieur. Nous ne savons pas spécifiquement ce qui se passe pour toi, mais tu sembles déjà avoir trouvé des outils qui t’aident sur le moment.

Tu nous parles de musique et de ta poule, et c'est tout à fait juste : passer du temps ainsi permet de se changer les idées et de se sentir mieux. Cela permet de distraire son esprit et de penser à autre chose.

En effet, caresser un animal aide à augmenter les hormones du bonheur, tandis que la production d'hormones du stress diminue. Pourrais-tu parler à tes parents de ton besoin de remplacer ta poule chère qui t'était si précieuse ? Tu pourrais aborder le sujet pour une autre raison que ta situation de santé mentale, si tu le souhaites. Tu pourrais par exemple simplement dire qu'elle te manque énormément et que cela te ferait du bien d'avoir une nouvelle poule à qui t'occuper. Tu peux essayer de les convaincre en leur assurant que tu en prendras bien soin et qu'ils n'auront pas à s'en occuper, par exemple.

Pour répondre à ta dernière question, non, tu n'aurais pas dû « sauter » ce jour-là. Tu peux te remercier de ne pas l'avoir fait et d'avoir permis à ta petite voix qui t’en a empêché ce jour-là. Grâce à cela, tu as pu progresser, développer un fort mental, vivre des situations qui t'aideront dans le futur et t'aideront à soigner ton passé.

Nous t'encourageons à continuer à demander du soutien, que ce soit le nôtre, celui de tes parents, de l'infirmier·ère de ton école ou d'un·e psychologue.

Prends soin de toi et reviens quand tu veux. Tu seras toujours la bienvenue,

L'équipe ciao.ch