Question (Fille / 2009)

Bonjour Ciao, je suis vraiment désespéré et je suis sincèrement au fond du trou. J’arrive pas, j’arrive à rien. J’ai développé un TOC, et pour m’en débarrasser, il faut que je cesse mes compulsions (des mauvaises habitudes) qui ne font qu’empirer le problème. Je pensais bien les avoir identifié, mais après réflexion et beaucoup de temps, il s’avère que j’en ai bien d’autres et qu’elles sont difficiles à éliminer.

J’aimerais beaucoup les éliminer, mais j’y arrive pas, je peux pas m’empêcher de les exécuter, j’arrive pas à aller mieux. Elle surgissent dans mon esprit sans que je puisse rien faire. J’ai mal, trop mal, je me sens mal, vide, épuisée mentalement, par mes compulsions qui me prennent des heures de ma journée, qui me font souffrir et j’arrive pas à cesser. C’est trop dur pour moi, je pense pas être assez courageuse pour y arriver. J’en ai assez de mon anxiété, de ma souffrance. Si seulement il suffisait de crier à haute voix mon souhait que ma vie redevienne aussi simple et saine qu’avant…

Mon cerveau est sexualisé et mon imagination m’emporte trop loin. Ne pas pouvoir s’empêcher de faire des scénarios d’histoires d’amour hétérosexuelles c’est une chose déjà problématique, mais ne pas pouvoir s’empêcher d’imaginer des scènes de Q et que c’est la principale chose que j’imagine s’en est une pire ! Je suis addicte à penser à ça, pourtant je n’ai jamais regarder de contenus pornographiques ou de vidéos à caractères sexuels ! Je ne commencerai d’ailleurs jamais ! Tout ça n’est que le fruit de mon imagination ! C’est trop fort ! C’est trop dur !

J’arrive pas à cesser les addictions que j’aie développées pour me sortir mon TOC de la tête, je sais pas j’ai besoin de quoi, mais peut-être de médocs qui peuvent me chouter, si c’est la seule solution à mon problème. Mon ami me dit que j’en ai pas besoin, que je suis plus forte que ça, et que c’est triste à 15 ans de déjà commencer à en consommer, mais je suis prête à tout pour faire disparaître mes problèmes, mais mourir, même si au fond, je ne pense pas en avoir réellement envie.

Comment je peux mettre fin à mes addictions ? Comment je peux desexualiser mon cerveau ? C’est sa ma question principale !

Mon téléphone est une drogue, comme s’il s’agissait de mon 3e bras et je ne peux plus m’en passer sans me sentir vide et faire une crise. À chaque fois que je suis loin de lui et que je suis envahie par les images de sexe ou d’amour simple, que je tente de laisser couler pour ne pas les affronter afin qu’elles partent pour de bon, je ressens une sorte de pression, un sentiment insupportable au niveau de mon cœur qui me pousse à crier, à être violente ou même à vouloir faire une connerie… Un sentiment si insupportable que je devrais continuer à tomber dans les addictions pour m’en débarquer.

Mais en même temps, au niveau de ma partie intime, j’ai souvent une impression de dégoût, comme si j’étais sale et impure à force de m’imaginer pleins de conneries et d’impurtés, avant, il suffisait d’arrêter de penser à des choses mal placées pour que ça redevienne « normal », mais maintenant c’est presque toujours constant.

J’en ai marre, je veux me débarrasser de mon TOC, de mon stresse, de mon hypersensibilité, de mes addictions, de mes sensations, de mes impressions et de tout ce qui est négatif, je pourrais mourir pour y arriver.

Me confier ne sert plus à rien et je suis sincèrement au bout de trou… Je sais que vous pourrez pas faire grand chose pour moi, que vous pourrez pas faire de miracle pour que je me sente mieux dans mon mal-être, pour que je me débarrasse de ma situation désastreuse. J’en peux plus de toujours faire attention au physique d’un homme qui paraît attirant, de l’imaginer nu et d’essayer de me forcer de le trouver beau. J’en peux plus de voir ces images de femmes nues ou presque nues qui sont imposées à mon esprit par mon cerveau pour me faire croire des anneries et me torturer. Je veux plus faire d’efforts pour guérir, ça ne servira à rien. Si la solution finalement, c’était de crever ? Ce serait tellement simple de se sentir enfin libre de cette manière, sans faire aucun efforts et sans embêter personne. Je ne veux pas parler de mes problèmes, je l’ai trop fait et personne ne peut m’aider

Réponse

Parler de ce que tu traverses actuellement est difficile, et en nous écrivant, tu montres non seulement du courage, mais aussi une bonne capacité à t'écouter toi-même.

Ce qui semble poser de grandes difficultés est ton « addiction » au téléphone, c'est-à-dire à l'écran. Nous mettons ce mot entre guillemets, car tu en parles beaucoup dans ta question et nous nous demandons si tu as déjà vu un·e professionnel·le de la santé qui a posé ce diagnostic.

En effet, l'addiction est caractérisée par un acte répétitif qui empêche d'accomplir d'autres tâches et qui perturbe les activités quotidiennes. Tu décris ton téléphone comme ton "3ᵉ bras" et tu dis "ne plus pouvoir t'en passer". S'agit-il de périodes où tu devrais focaliser ton attention sur autre chose, comme les cours à l'école ou lorsque tu parles à tes ami·e·s, par exemple ?

Nous pensons également que tu te mets beaucoup de pression et nous nous demandons si tu t'es fixé·e comme objectif de passer moins de temps sur ton téléphone.

Si c'est le cas, sache que cela peut prendre du temps et qu'il y a souvent des rechutes. Renoncer à une habitude est un processus complexe qui souvent ne peut se faire qu'avec l'aide de ses proches. Penses-tu pouvoir en parler à tes parents ? Ils pourraient te guider dans cette démarche ou t'accompagner dans la recherche d'une aide professionnelle si tu le souhaites.

Quoi qu'il en soit, tu en souffres beaucoup et il nous semble urgent que tu puisses te faire aider sur ce point de vue. D'autant plus qu'il est probable que tes problèmes d'anxiété, ainsi que les images qui te viennent concernant la sexualité, soient stimulés par celles que tu vois sur les écrans.

Tu es dans l'âge où les hormones sont libérées pour permettre à ton corps de changer et d'évoluer. Il est donc tout à fait courant et normal de penser beaucoup au sexe à ton âge. Il y a cependant un problème à partir du moment où ces aspects dérangent la personne chez qui ils se présentent. Ce qui semble être ton cas.

Nous t'encourageons donc fortement à ne plus rester seule avec cela et à demander de l'aide. À part de tes parents, tu as également la possibilité d'aller dans un centre de santé sexuelle de ton canton pour parler de tout cela de manière gratuite et confidentielle. Ces professionnel·le·s sont spécialistes de ce genre de questions et pourront t'aider à trouver des solutions.

Nous espérons avoir pu te donner quelques pistes de réflexion et nous restons à ton écoute. Reviens quand tu veux. Tu es toujours la bienvenue.

L’équipe ciao.ch

Dernière modification le 28 octobre 2024

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