Question (Garçon / 2007)

Bonjour,

Je ne comprends jamais ce que je ressens
Et ce que je vais vous dire va paraître compliqué et totalement illogique.

Enfaite j’ai l’impression que tout ce que je ressens est en permanence faux, ou trop exagéré pour donner un sens à quelque chose. Je ne sais jamais ce que je ressens, ce que je veux et je comprends rien à mes sentiments.
Mais ce dont je suis sûr c’est que je me sens pas bien, mais je ne sais pas d’où ça provient, ni pourquoi. Juste, je ressens du négatif. Je ne pourrais même pas dire si c’est de la tristesse ou autre, mais je me sens tout le temps négatif. Et c’est la seul chose dont je suis sur.
Je me sens aussi assez vide, et parfois je manque beaucoup d’intérêt pour des choses quotidiennes de ma vie.

Et il y a quelque chose en plus de tout ça, c’est comme une petite voix dans ma tête, qui me dit tout le temps que tout ce que je ressens est faux ou trop tiré par les cheveux, par exemple je vais me sentir triste et après cette « petite voix » va me dire que c’est faux, qu’en réalité c’est pas si intense et que c’est entièrement de ma faute si je me sens comme ça. Cette petite voix me fait me sentir très coupable comme si je mentais pour de l’attention, de l’amour ou je ne sais quoi, ce qui me met très mal à l’aise.
Et ça me donne l’impression que je ne mérite pas d’aide (d’un psy par exemple) parce que c’est entièrement de ma faute.

J’ai hésiter à envoyer ce message parce que même en me relisant je ne peux pas exprimer clairement ce que je ressens, prenez donc en compte que généralement je suis juste extrêmement perdu dans tout ça.

Réponse

Nous souhaitons te dire que ce que tu partages est très important, et que c’est un premier pas pour mieux comprendre ce que tu ressens. Ce n’est pas évident de mettre des mots sur ses émotions, et ce que tu décris peu arriver parfois, notamment à l’adolescence où beaucoup de choses sont encore en construction.

Tu mentionnes ne pas comprendre ce que tu ressens et nous trouvons cette observation intéressante à développer. La philosophie de Socrate nous offre une réflexion qui, selon nous, est proche de ta situation : « Le premier savoir est le savoir de mon ignorance, c'est le début de l'intelligence ». En d’autres termes, savoir que l’on ne sait pas, c’est déjà un début de sagesse. Tu sembles déjà conscient de la complexité des émotions et de la difficulté de les comprendre, et c’est en soi un signe de maturité. Beaucoup de personnes, adultes comme jeunes, pensent qu’elles doivent absolument comprendre tout ce qu’elles ressentent, et en être sûres. Mais en réalité, il est souvent plus utile de partir d’une page blanche, d’accepter de ne pas tout savoir et de laisser cet espace pour apprendre à se connaître progressivement.

Même si cela est tout à fait désagréable en ce moment, en ne comprenant pas exactement ce que tu ressens, tu pourrais utiliser cette position pour profiter de ses avantages : ceux de pouvoir te construire sans être enfermé dans des idées préconçues ou des interprétations erronées de tes émotions. Au lieu de chercher des réponses précises et figées, tu peux explorer tes ressentis à ton rythme, sans biais. Cette exploration peut t'aider à mieux comprendre ce qui se cache derrière ce « vide » ou cette « négativité » que tu éprouves, même si ce n’est pas tout de suite très clair.

Concernant la deuxième partie de ta question, celle de cette petite voix qui te parle dans ta tête, il est tout à fait légitime que cela te mette mal à l'aise. Nous pourrions te proposer un petit outil pour qu’elle ait moins de place dans ton esprit. Lorsque cette voix te dit que tu te trompes ou que tu es coupable, tu peux essayer de lui répondre avec douceur et bienveillance. Reconnaître ce que tu ressens peut déjà aider à apaiser cette voix. Par exemple, tu pourrais lui dire : « Non, c’est normal d’être triste. Ce sentiment, beaucoup de gens le partagent, et moi aussi, je sais que je vais en sortir. Je peux m’entourer de mes ami·es, faire du sport, ou tout simplement laisser du temps au temps. » En prenant un moment pour reconnaître tes émotions et les accepter, tu pourrais réduire l’emprise de cette voix qui semble vouloir semer le doute.

Nous ne sommes pas d'accord avec ta petite voix qui t'empêche de voir un·e psychologue ou un·e adulte de confiance. Si tu en ressens le besoin, ils pourraient t'aider à comprendre ces sentiments et t'accompagner dans ce cheminement, qui peut parfois paraître flou ou difficile.

N’hésite pas à demander de l’aide si tu en ressens le besoin, ou à revenir vers nous si tu souhaites parler de ce sujet, ou d’un autre qui pourrait te faire du bien. Nous sommes là pour toi,

L’équipe ciao.ch


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Dernière modification le 19 novembre 2024

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