Comment arrêter la mutilation quand elle devient une habitude "addictive" ?
27 janvier 2025
Question (Fille / 2006)
Je voudrais savoir quels sont vos conseils pour réussir à arrêter de se mutiler lorsque c’est une habitude qui devient quasiment « addictive »
Pour donner du contexte, j’ai souvent régulé mes émotions négatives trop intenses en pratiquant des petites mutilations (principalement se gratter fort jusqu’à brûlure). Comme beaucoup, je pense que c’était un moyen d’éteindre ou apaiser une douleur mentale sous une douleur physique. Ce n’était ni régulier, ni incontrôlable, ni trop profond, et même si je savais alors que c’était une mauvaise habitude à perdre un jour, ça ne me semblait pas grave.
Suite à des surmenages (sans doute émotionnels ou de stress), j’ai à commencé à me scarifier (je comprenais déjà alors plus que c’était un problème, car l’acte est plus « lourd » symboliquement).
Mais en débutant pour apaiser des émotions trop fortes ou un mal être passager, il m’est ensuite devenu impossible de m’arrêter, même lorsque j’allais tout à fait bien. Pendant plusieurs moi, je recommençais quasi quotidiennement, alors que mon moral c’était amélioré, que je voyais mes amis, ma famille…
J’ai finalement réussi à me prendre en main suite à mon admission dans une filière d’études qui m’attirait énormément, et j’ai arrêté pendant 6 mois
Depuis quelques semaines, je recommence même si j’arrive un peu mieux à le contrôler, c’est le même schéma qui se met en place : je me sens mal une fois, me mutile alors, et n’arrive plus à arrêter même lorsque je vais mieux.
Ça m’embête parce que je ne comprends pas mon comportement qui semble indépendant de mes humeurs.
Je précise que :
- ces mutilations ne me mettent pas en danger, mais j’ai conscience que ce n’est pas une solution saine et durable pour gérer ses humeurs et qu’il faudra bien que cela cesse un jour,
- je vis dans un cadre familial et amical très aimant, confortable, que je n’ai pas vécu d’événements traumatisants et que je pense vraiment que tout irait très pour le mieux si j’arrivais à arrêter durablement cette habitude
Je ne communique quasiment jamais sur mes états d’être (mais j’ai conscience d’avoir un entourage à l’écoute et respectueux qui m’a déjà proposé d’en parler, je pense que c’est un blocage qui vient de moi), aussi j’ai presque toujours réussi à cacher mes marques (au niveau des hanches et de la poitrine par ex).
c’est la première fois que je demande de l’aide.
En vous souhaitant une très bonne soirée
(Ce message n’est pas urgent, je vais bien, ne le traitez pas en priorité, c’est juste une mauvaise habitude que je souhaite perdre durablement)
Merci pour tout le travail que vous faites,
Bonne continuation à vous :)
Réponse
Nous tenons d'abord à saluer ta démarche courageuse de chercher de l'aide pour comprendre et stopper une habitude qui te cause du mal, même si tu la reconnais comme problématique. Tu décris très bien les mécanismes liés à l'automutilation et tu as déjà une bonne compréhension de ton fonctionnement, ce qui est une force précieuse pour entamer un changement durable. C'est déjà un grand pas de prendre conscience de ce mécanisme et de vouloir y mettre fin.
Les comportements de mutilation, bien que parfois perçus comme un moyen d'apaiser des émotions négatives comme tu le décris bien, peuvent en effet créer une sorte de cycle où, même lorsque tu vas mieux, il devient difficile d'arrêter. Ça pourrait s'expliquer par le fait que ces actes ont pu devenir une forme de régulation émotionnelle, comme une sorte de réflexe presque automatique, indépendants des fluctuations de ton humeur.
Pour commencer, tu pourrais essayer de repérer les moments où l'envie de te mutiler revient. Est-ce lié à une situation particulière, une émotion spécifique ou une pensée ? En comprenant mieux les déclencheurs, ça pourrait t'aider à mieux gérer les moments où cette envie surgit.
Ensuite, le fait que tu as réussi à arrêter pendant 6 mois montre que tu as déjà en toi des ressources et une capacité à surmonter cette habitude. Ce serait intéressant d'explorer ce qui t'avait aidée à ce moment-là. Était-ce l'enthousiasme pour cette nouvelle filière ? Une routine différente ? Une manière particulière de gérer tes émotions ? En t'appuyant sur cette expérience, tu pourrais peut-être identifier des stratégies qui avaient fonctionné et les réutiliser ou les adapter aujourd'hui. C'est en tout cas une vraie preuve de ta résilience et de ta capacité à reprendre le contrôle sur cette situation.
Ensuite, il serait bénéfique d'explorer d'autres méthodes pour gérer le stress, l'anxiété ou les émotions fortes. Ça pourrait être des techniques de relaxation (respiration profonde, méditation, etc.), des activités créatives (dessin, écriture, etc.) ou encore des exercices physiques. Tu trouveras ci-joint quelques articles avec des pistes d'action que tu pourrais tester.
Tu mentionnes aussi que tu as un entourage qui est à l'écoute, c'est précieux ! Même si ça semble difficile, pourquoi pas partager ce que tu ressens et vis avec un·e proche de confiance ? Le soutien des autres peut parfois être apaisant et pourrait t'aider.
Finalement, ça arrive souvent d'avoir des "rechutes", surtout lorsqu'on a pris l'habitude de gérer avec ce moyen-là. Dans ces moments, il ne s'agit pas de trop se juger, mais plutôt de voir ceci comme des étapes d'un processus de guérison. Le changement peut prendre du temps, et chaque petit progrès est important. Le fait de demander de l'aide est déjà un immense pas vers le changement.
En outre, nous ne pouvons que t'encourager à prendre contact avec un·e professionnel·le de la santé mentale, comme un·e psychologue (il en existe des spécialisé·e·s dans l'accompagnement des personnes qui s'automutilent). Ça pourrait tout d'abord t'aider à comprendre davantage cette envie de te mutiler et aussi trouver des moyens plus sains pour remplacer ça. Il est aussi possible de contacter le 147, qui est une ligne d'écoute bienveillante pour les jeunes, disponible 24h/24 et 7j/7, c'est complètement gratuit et anonyme.
N'hésite pas à revenir si tu as d'autres questions et prends soin de toi.
L’équipe ciao.ch
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