Le comportement de certains hommes au travail me mettent mal à l'aise

Tout d’abord, nous tenons à te dire que tu as eu le réflexe de nous écrire et de ne pas rester seule avec ce vécu !

Nous sommes frappé·e·s par tout ce que tu as vécu en seulement une semaine sur ton nouveau lieu de travail. Les comportements que tu décris de ce collègue qui est à la plonge sont clairement inadéquats, et à la limite de la légalité. En effet, la loi indique que personne n'a le droit de toucher les parties intimes de quelqu'un d'autre sans son consentement (la poitrine, les fesses et les parties génitales).

D’ailleurs, les comportements de tes autres collègues, bien qu’ils soient différents et pas forcément répétitifs de la part d’une même personne, sont également inadéquats (te toucher la cuisse et te dire que tu devrais porter une mini-jupe, faire des sous-entendus et te demander de sortir avec eux, etc.).

Même si ça peut paraître être dit « sur le ton de l’humour », ou « bon enfant » comme tu l’écris, cela peut contribuer à des dépassements de limites de la sphère personnelle et peser sur le moral au fil du temps.

Pour être honnêtes avec toi, nous nous posons des questions sur l’ambiance qui règne au travail et sommes désolé·e·s que tu vives une de tes premières expériences professionnelles de cette manière. 

Il est important que ce premier collègue puisse comprendre, par toi ou par quelqu’un d’autre, que tu ne veux pas qu’il agisse de la sorte. Il est aussi essentiel que tu puisses t’écouter et faire respecter tes limites lorsque les contacts ne te conviennent pas. Tu le nommes d’ailleurs magnifiquement : tu aimerais qu’on respecte ton espace personnel ! Il est important aussi que tu puisses créer une distance confortable avec ce collègue, et tes collègues de manière générale : une distance qui te fasse te sentir en sécurité et qui te permette de te sentir à l’aise lorsque tu vas travailler. Tu écris d’ailleurs que tu as déjà commencé à prendre tes distances, et c'est une très bonne chose ! 

Pour faire tout cela, nous te conseillons de le faire avec des mots. Nous ne savons pas ce que veut dire « confrontation directe » pour toi, mais nous t’encourageons vraiment à poser tes limites clairement avec des mots afin qu’il comprenne.

Nous voyons deux pistes. Tu peux parler avec ce collègue directement en lui disant, par exemple, que tu souhaites qu’il t’appelle par ton prénom et non pas par des surnoms tels que « ma chérie », « ma puce » ; que tu ne souhaites pas qu’il te fasse de câlins ; que tu souhaites qu’il arrête de te frotter le dos et te toucher les fesses ; que ça t’a mise très mal à l’aise et que tu ne veux plus que ça se reproduise, etc. Tu peux également lui écrire un mot qu’il lira, parfois cela aide à poser ses limites !

Si tu ne te sens pas d’y aller seule, tu peux aussi en parler à quelqu’un de confiance au travail (par exemple à ta direction), afin que cette personne de confiance en parle avec ce collègue. Même si cela peut être dur, le fait d’utiliser des mots clairs enlève tout flou et clarifie les limites de manière très nettes.

Une dernière piste serait de choisir de quitter ton job : même si nous savons que cela peut poser des problématiques financières.

Concernant le fait que cet homme t'ait, à plusieurs reprises, touché les fesses constitue un dépassement de limites au niveau de la sphère intime. Nous t'encourageons à prendre contact avec la LAVI de ton canton (nous te joignons l'adresse du centre d'aide aux victimes d'infraction) : les professionnel·le·s pourront t'accueillir, t'indiquer si ton vécu est reconnu comme un dépassement de la loi et t'indiqueront des ressources si tu as besoin d'aide (éventuellement un suivi thérapeutique et/ou juridique s'il s'agit d'une infraction).

Enfin, il est important de savoir que les malaises que nous ressentons indique que nos propres limites ont été dépassées : il est donc précieux d’être à l’écoute de son corps, car il nous indique quand il est important de se protéger et de dire stop.

Nous souhaitons t’encourager, si tu le souhaites, à éventuellement rencontre un·e professionnel·le (par exemple un·e psychothérapeute, tu peux sans autres demander des recommandations à ta·ton médecin traitant) qui pourrait t’aider à travailler l’affirmation de soi. Par exemple, tu expliques avoir, à un moment donné, dit non en souriant de manière gênée. Il est vrai que le fait de sourire dans ces situations peut porter à confusion et rendre notre message peu clair. Te faire soutenir pourrait t’aider à renforcer ton affirmation de toi-même et, de ce fait, tes capacités à te protéger !

Nous espérons avoir pu te donner quelques pistes et restons à ton écoute si tu en ressens le besoin. Courage et prend soin de toi ! 

L'équipe ciao.ch