Ma mère me fait vivre un cauchemar au quotidien
17 avril 2025
Question (Fille / 2005)
Je sais pas trop par quoi commencer mais il y a 3 ans maintenant j'ai été agressée sexuellement.
Depuis, ma mère me fait vivre un cauchemar au quotidien...
Ce viol a retourné ma relation "normale" en relation toxique avec ma mère, dès que j'ai été agressée elle disait aux personnes chez qui j'allais chercher du soutien que j'étais une menteuse et que je voulais juste attirer l'attention sur moi ce qui est absolument faux car je ne rigole pas avec ce genre de chose. Ces personnes là se sont par la suite retournées contre moi.
Elle ne m'a jamais soutenue ni dit qu'elle me croyait. Un jour j'ai trouvé une personne de confiance pour aller porter plainte et quand elle a su que j'avais porté plainte, elle m'a mise à la rue en disant que je n'étais plus sa fille, ça m'a blessée car tout ce que je voulais c'était du soutien et une mère empathique.
Comme par hasard l'affaire a été classée sans suite par manque de preuve, j'en veux à la justice mais je peux rien n'y faire, par contre j'en veux énormément à ma mère et son comportement.
Cela fait 3 ans qu'elle passe pas un jour à me crier dessus, me reprocher des choses qui ne sont pas de ma faute et à rejeter sa colère sur moi, je lui sers un peu de vide sac mais à sa manière. Elle me parle tout le temps également comme de la m****.
Un jour quand j'ai assez insisté pour qu'elle m'accompagne chez la gynécologue pour faire des test contre les MST suite à cette agression, elle a refusé et m'a bien dit de dire à la gynéco que si j'allais la voir c'était pas pour un viol mais plutôt pour un contrôle de routine, bien évidemment je ne l'ai pas écouté.
L'année passée, à cause de cette histoire mon mal être était tellement profond et lourd que j'ai essayé de mettre fin à mes jours, à savoir que ça faisait depuis novembre 2019 que je ne me sentais pas bien et que j'avais des idées noires accompagnées de l'addiction sur la scarification.
Suite à cela j'ai été internée durant 3 semaines dans un hôpital psychiatrique qui m'a fait énormément de bien et pour une fois depuis 2 ans j'ai eu l'impression d'être soutenue et crue. C'est vraiment triste que le seul endroit où vous avez du soutient c'est à l'hôpital psychiatrique non ?
Bref je vous passe le tas de médicament que je devais prendre en sortant de l'hôpital et qui m'ont fait prendre 10 kg...
Aujourd'hui encore elle ne s'assure pas de comment je vais, littéralement pour elle me demander si ça va c'est comme pour monter sur l'Everest donc bon...et le nombre de regards noirs quand nos yeux se croisent...
Quand elle va dormir chez son copain pendant des jours et me laisse seule à la maison avec le frigo vide, elle s'inquiète pas et ne se préoccupe pas de si j'ai assez pour manger à chaque repas en sachant que j'ai des galères avec l'argent et que j'ai aucun moyen de m'acheter à manger.
Comme si cela ne suffisait pas, j'ai des petits frères et soeurs qui ont quelques années de moins que moi et elle s'occupe d'eux comme si c'était des rois et moi bah elle s'en fous de comment je vais et si j'ai bien mangé, ce que je fais, etc. Elle s'intéresse pas donc je me sens inutile voir de trop.
On pourrait penser que tout ça c'est pas grand chose mais ça me pèse et me pourrit le moral au quotidien...honnêtement une des pires sensations qu'il puisse exister c'est d'avoir une relation comme la mienne avec sa mère, je ne le souhaite à personne.
J'ai actuellement un petit copain qui a son appartement et qui m'écoute au quotidien quand ça ne va pas. Il trouve que le comportement de ma mère est inacceptable et qu'il aimerait me voir heureuse...le mieux serait d'emménager avec lui mais ça fait que 3 mois que nous sommes ensemble donc c'est trop vite mais j'ai besoin de solutions. Il faut que je quitte cet environnement toxique pour enfin m'épanouir dans ma vie mais compliqué avec mon manque d'argent, pourriez vous m'aider ?
Merci d'avoir prit le temps de lire mon message.
Réponse
Bravo pour le courage de nous avoir écrit !Tout d'abord, nous tenons à te dire que tu n’es pas responsable de ce qui t’est arrivé, ni de la manière dont ta mère réagit à cela et de l’absence de soutien.
Nous lisons que tu subis une accumulation de violences, l’agression, puis les réactions dénigrantes, le manque de considération autour de toi. Cela n’a pas à être minimisé ni ignoré. Tu as fait preuve d’une force impressionnante en cherchant de l’aide, en portant plainte malgré tout, en consultant une gynécologue, et en acceptant une hospitalisation quand ton mal-être était à son paroxysme.
Et aujourd’hui encore, malgré toutes les blessures, tu cherches à aller de l’avant, bravo ! Nous célébrons ton courage et ta force. Tu as été blessée et a vécu un traumatisme, et tu cherches à te reconstruire malgré ton entourage non soutenant. Ce que tu ressens est légitime, ainsi que le besoin d’affection, de respect.
Ta volonté de quitter ce lieu de vie est saine. Ton copain semble être un bon soutien, même si 3 mois sont courts. Tu peux discuter avec lui en toute sincérité, sans précipiter l’emménagement, en envisageant des temps de répit chez lui si cela est possible.
As-tu déjà envisagé de te rapprocher d’une assistante sociale ou d’un service d’aide aux jeunes adultes (selon ton âge) ? Certains dispositifs d’hébergement ou d’aides financières pourraient t’aider à sortir de ce contexte sans dépendre uniquement de ton copain.
Nous ne savons pas si tu es en formation, mais sache que tes parents ont un devoir d'entretien envers toi jusqu'à ce que tu aies terminé une première formation, même au-delà de la majorité (et même au-delà de 25 ans). Cet entretien peut être délivré en nature de la part de tes parents, en t'offrant un toit, à manger, en payant tes factures et tout ce qu'il faut pour vivre convenablement.
Afin de te projeter plus précisément sur ta situation particulière, nous t'invitons à prendre contact avec la permanence Intake (lien ci-dessous) qui devrait pouvoir étudier ta propre situation avec toi.
Dans l'attente, nous te proposons de créer une bulle de sécurité pour toi-même (toi m’aime!), en écrivant par exemple dans un journal que tu tiens régulièrement, en explorant des exercices de gestion du stress et des émotions, en pratiquant une activité sportive douce régulière, en prenant bien soin de ta santé (hygiène de vie, alimentation, mouvement), et en essayant de t’entourer de personne qui te tirent vers le haut et qui partagent de jolis moments de vie avec toi.
L’hospitalisation t’avait permis de ressentir du soutien, et cela montre à quel point un suivi thérapeutique peut être précieux pour toi. As-tu actuellement accès à un ou une psychologue ? N’hésite pas à aller consulter pour trouver cette aide régulière, ou te rapprocher d’associations en lien qui proposent des aides et des groupes de paroles pour les jeunes.
Tu n’es pas “inutile” ni “de trop” même si ta mère te donne cette impression. Ta valeur ne dépend pas du regard qu’elle porte sur toi. Il est possible de te reconstruire, même sans le soutien familial, en créant petit à petit ta propre base affective et ton indépendance. N’hésite pas à trouver de l’aide pour sortir de cette situation avec le plus d’accompagnement et de douceur pour toi, et nous réécrire si besoin.
Nous t’envoyons beaucoup de courage, et un grand bravo pour ta recherche de mieux-être !
L'équipe ciao.ch
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